Les propres compositions de Rousseau, à partir de 1750, relèvent de cette esthétique de la simplicité, faisant place, par exemple, au genre de la romance, ou à des pratiques de compositeur amateur, notant et arrangeant a posteriori des mélodies fréquemment empreintes d’une sorte de naïveté (Le Devin du Village, 1752–1753 ; Les Consolations des misères de ma vie, posthume). Enfin, ses propositions de réforme de la notation musicale sont caractérisées par la volonté de simplifier la lecture et l’apprentissage, et prennent corps en un système combinant chiffres et signes ajoutés, susceptible de convenir surtout à la notation de musiques peu élaborées, ligne de chant et basse, par exemple (Projet de nouveaux signes pour la musique, 1742 ; Dissertation sur la musique moderne, 1743).

 Sans même qu’il soit nécessaire d’évoquer d’autres aspects de l’apport de Rousseau à la musique de son temps (création du genre du mélodrame avec Pygmalion en 1762), on comprend pourquoi, du fait même de la cohérence proposée, cet apport a pu être à ce point fondateur, en dépit des carences du philosophe au plan de la maîtrise de l’art.